Si tu t'abonnes, tu reçois

Clandestine

la newsletter d'une sorcière un peu illuminée,

des infos sur mes ateliers & autres grimoires

et surtout plein de love

& d'envie de te mettre à écrire

En cliquant sur valider, j'accepte de recevoir sur cet email les actualités et offres personnalisées du site canardalorange.com. Je dispose d'un droit d'accès, rectification et suppression de mes données et peut me désinscrire à tout moment via les liens de désinscription en bas de l'email.
J'ai lu et j'accepte la politique de confidentialité du site.

Ode à la procrastination

ode à la procrastinationPendant des siècles (une bonne trentaine d’années, quoi), je me suis détestée.

J’ai essayé de me raisonner, de lutter, de « mettre en place des solutions ». Totalement en vain. Et quand j’écris « totalement », ce n’est pas peu dire.
Oui, je me suis détestée.

::: De ne jamais faire mes devoirs à l’avance.

::: De ne pas rappeler ce collègue pour faire avancer le dossier.

::: De regarder encore un épisode de ma série préférée au lieu de bosser.

D’attendre toujours le dernier moment. Jamais en retard mais toujours sur le fil.

Et puis, j’ai compris (c’est fou le nombre de trucs importants que j’ai compris quand je suis arrivée à la quarantaine) : ce n’est PAS grave.
La preuve : j’ai eu tous mes diplômes. Haut la main. (D’abord).

Je sais qu’il est de bon ton de pourfendre la paresse, de lutter contre la propension à tout remettre au lendemain, de détruire nos tendances à la glandouille… Je m’insurge !

Vive la procrastination, elle le mérite bien :).

La pro… quoi ?

Pro-cras-tiner : art de repousser encore et encore quelque chose que nous pourrions faire immédiatement. De préférence ad vitam aeternam jusqu’à disparition, comme par magie, de l’ingrate tâche.

Ce « défaut » est honni des chantres de l’efficacité à tout prix et autres perfectionnistes. Le Diable selon les apôtres de l’utilité, de l’optimisation du temps et autres hyperactifs qui me fatiguent rien que de les regarder.
Je ne sais pas d’où vient cette culture du rendement, mais je trouve qu’elle fait beaucoup de dégâts. Alors j’ai décidé d’entrer en résistance.

:: Dis-moi que « c’est urgent » et je te demanderai si une vie est en jeu.

:: Dis-moi que « c’est important » et je te demanderai si ça comptera dans 10 ans.

:: Dis-moi que « c’est crucial » et je te demanderai si ça changera la vie de quelqu’un. En positif.

Lutter contre le temps qui passe. Essayer de gagner du temps. Faire la course contre le temps… Pour le coup, quelle inutilité, quelle présomption que de croire que cela soit possible.

Le temps ne s’achète pas, il se prend.

On dit souvent qu’avec de l’argent tu peux créer les conditions de profiter de ton temps. Sauf que ce n’est pas une question d’argent mais de valeur. Que savoir profiter de son temps est une question d’attitude, d’apprentissage également, rien à voir avec un compte en banque bien rempli.
Je sais, oh oui, je sais ce que l’on me rétorquera : que procrastiner c’est aussi encombrer son cerveau de ce qui doit être fait mais ne l’est pas encore. Que l’on est soulagé quand enfin on s’y est mis. Que l’organisation est la clé de la réussite.

J’y croyais aussi et cela m’arrive encore parfois.

Mais.

Mais, j’ai remarqué que bien des problèmes se réglaient sans moi. Économies d’emmerdement.

Mais, j’ai remarqué que ce temps consacré à autre chose m’apportait du plaisir. Économies de râleries.

Mais, j’ai remarqué que j’avais rarement des regrets d’avoir procrastiné. Alors que j’en aurais tellement de ne pas profiter si ma vie changeait brusquement… Économies de temps !

Vive la procrastination positive, assumée, car c’est l’essence de la vraie vie. Mon luxe à moi. La liberté. La procrastination, c’est la rébellion, envoyer chier les contraintes, les règles.

douuuuuuuuuucement ©-Carola-Vahldiek

Je sais, oh oui, je sais que l’on me rétorquera que l’on ne peut vivre uniquement en satisfaisant ses besoins et envies du moment, tels des enfants gâtés. Que l’on a des OBLIGATIONS, des contraintes. Le boss, le conjoint, les parents, les enfants, la police (j’vous jure, monsieur le policier, c’était pas moi, c’était la procrastination), le client… et leurs folles exigences.
Alors, je rétorquerai avec mon mot fétiche : équilibre. Instable, toujours, mais équilibre. Profiter du moment présent, ce n’est pas renier le passé ou se foutre moquer du futur, c’est tout prendre en compte au contraire pour faire en sorte

:: de soigner les maux passés et s’appuyer sur ses forces

:: d’être pleinement dans le présent

:: de préparer au mieux un avenir qui NOUS convienne.

Question de rythme en fait… Et là, la seule chose à faire c’est s’écouter, se faire confiance. Certains sont de vraies piles électriques, d’autres aiment buller. Pourquoi la diversité ne s’appliquerait-elle pas à cette aspect de notre personnalité ? Je dirais même plus, pourquoi ne pourrait-on pas être à la fois paresseux et efficace, en fonction du moment, du sujet… Je vous ai déjà dit que je n’aimais pas les cases ?

Perso, je suis du genre à rêver (énormément), glander (pas mal) et bosser en fulgurance, beaucoup d’un coup et souvent très efficacement. Devrais-je m’en excuser ? Eh bien, pendant toutes mes années comme salariée, j’ai souffert justement, puisque tout se cale non sur ce qui est fait mais sur le temps qu’il faut pour le faire… Autant vous dire combien j’étais inadaptée.

Procrastiner… pour créer

Procrastiner, ce n’est pas seulement fuir une contrainte, c’est aussi faire une pause, ralentir. Physiquement, parfois, mentalement souvent. Prendre du recul en apportant à notre esprit un shoot de plaisir (chacun saura exactement et instantanément comment procrastiner).

Et là, miracle : les batteries se rechargent, les pensées se font plus claires, les idées se remettent à fuser.

La procrastination, c’est une solution idéale contre la page blanche. On ne le dit pas assez. Alors, j’ai décidé de le dire. Je suis persuadée que la créativité n’est jamais aussi bonne que quand on ne fait pas ce qu’on DOIT faire mais ce que l’on a ENVIE de faire. Pour, ensuite, se pencher sur nos obligations et s’en dépêtrer rapidement. Ou trouver une autre idée pour ne pas avoir à faire !

Finalement, procrastiner, c’est le comble de la productivité. (Ou de la mauvaise foi, comme vous préférez ^_^ ! )

Ce billet a été procrastiné dans le cadre du Festival « A la croisée des blogs » sur le site developpementpersonnel.org, sous le thème « Ralentir pour réussir » proposé par Alexandre du blog C’éclair.

D’ailleurs, en l’écrivant, je me suis arrêtée de nombreuses fois, contre toutes les règles de la concentration et de l’efficacité. J’ai procrastiné à donf’ en regardant un épisode de « Orange is the new black » et en bougeant mon petit corps (bientôt) musclé sur de la musique qui me rappelait ma jeunesse. Vous voulez un des morceaux ? Cadeau. (Ils s’appellent Minuit, sont fils et fille de Chichin/Ringer, et déchirent sur scène).

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

7 commentaires
  • Elodie
    23 juillet 2015

    Je suis une grande procrastinatrice…je me soigne mais…je préfère prendre note de tes points et me dire  » savoir profiter de son temps est une question d’attitude, d’apprentissage également… » Même si bon, la procrastination, c’est aussi un coup à ultra stresser quand il n’y a plus le choix et qu’on est obligé d’agir, de s’activer…

  • Abdelhamid
    23 juillet 2015

    Procrastiner c’est aussi apprendre à écouter son corps et prendre le temps d’un luxe oublié. Ce luxe c’est le rêve. La tête dans le guidon et la rigidité ne permettent pas de rêver. C’est rassurant de voir que je ne suis pas seul.

    • Morgane
      24 juillet 2015

      ^^ on se ressemble sur bien des points Abdelhamid !

  • Morgane
    30 septembre 2015

    Merci Elodie, oui, comme pour toute chose, autant trouver un juste équilibre : ni trop, ni trop peu ^^

  • Nathalie
    11 mars 2020

    Oh lala !!! Comment je me retrouve dans ce billet !!! Mais les préjugés de certains, font qu’on se cache, qu’on ne le dit surtout pas, oh malheur !
    « Toi ? Tu procrastines ? Mais tu n’as pas honte !!!!???? » Et voilà, on s’enferme ! On ne dit rien.
    Mais j’aime tellement procrastiner !!! C’est même un luxe dans ce monde de fou, où tout va trop vite pour moi comme toi. Moi j’aime prendre le temps, prendre le temps de ne rien faire, prendre le temps pour contempler (chose que l’on ne fait plus).
    Alors, merci, merci de ce billet, car je vois que je ne suis pas seule.

    • Morgane
      11 mars 2020

      Non, pas honte du tout, c’est les autres qui devraient l’avoir à se bousiller leurs propres vies à courir partout ^^
      Merci Nathalie

  • Un torrent de lenteur !
    28 juillet 2015

    […] Ode à la procrastination par Morgane Sifantus […]